L'activité, tremplin du développement, (GFEN)

Publié le par dlauren

L'activité, tremplin du développement, (GFEN)

Pour ses 6èmes Rencontres, le 1er février, le GFEN a réuni
près de 200 enseignants en alternant conférences
et ateliers sur le thème Du faire au comprendre :

Elizabeth Bautier observe que « ce qui fait différence entre les enfants, c'est leur manière d'être aux objets du monde, au langage qui ne se prend pas tout seul », elle rappelle combien « ces enfants pour lesquels la confrontation, la mise en situation ne suffit pas, sont les enfants qui ont besoin d'être accompagnés. »
Pour opérer cette « transformation du rapport au monde c'est certainement le langage qui peut le mieux aider les élèves. » Il convient de « permettre à tous les enfants de profiter des situations de l'école. » et la maternelle a une place déterminante en cela.
Pour justifier cette approche et la nécessité de s'attaquer à ce sujet Elisabeth Bautier justifie du fait qu'elle voit « des élèves au collège, au lycée, à l'Université même, qui sont passés à côté des apprentissages tout au long de leur scolarité.
Sans avoir compris que les apprentissages sont transformateurs et éman
cipateurs. »

Elisabeth Bautier intervient pour préciser l'importance du langage à l'école maternelle.

« Ce qu'on fait ce matin n'est pas au programme, ça ne fait partie d'aucun champ d'apprentissage ordinaire, aucune discipline, c'est peut être pour ça qu'il faut insister, c'est peut être pour ça qu'autant d'élèves sont mis en difficulté, parce que ce n'est pas assez un objet d'attention. C'est peu connu. ».

Il lui paraît nécessaire d'insister sur cette question : il ne s'agit pas de transformer en « matière » en « programme », mais d'y porter attention.

Elle note l'importance des dimensions sociales du langage sans que cela ne soit très présent dans les classes (cela ne fait pas partie de la formation) : or « tous les élèves ne font pas la même chose avec le langage, certains parlent de leur vécu quand d'autres interrogent leur vécu. Toutes les mises en mots, les verbalisations ne se valent pas pour apprendre. C'est la langue qui construit la pensée et non qui l'exprime. »

L'urgence est pour elle de tout de suite construire des ressources que certains enfants ne peuvent trouver qu'à l'école. « Les élèves parlent facilement des choses, ils expriment leur rapport affectif au monde et c'est une mise en difficulté des enseignants : ne pas leur couper la parole mais leur faire comprendre que cette émotion là ce n'est pas ça qu'on cherche à l'école quand on parle par exemple du poisson rouge. On se situe là dans la tension entre « parler de » et « parler sur ».

A l'école maternelle le langage et la langue ne sont pas objets d'apprentissages pour eux-mêmes mais sont un moyen d'apprendre. »

Dans le domaine du devenir élève, « les usages à construire sont aussi ceux qui lient langage et travail cognitif, langage et apprentissages.

C'est avec la langue que l'élève peut apprendre à comparer, classer, catégoriser... en pouvant identifier des critères, des caractéristiques (et comprendre l'activité qu'il s'agit d'effectuer, sa visée d'apprentissage donc) ».

Ainsi toutes les désignations ne se valent pas, et Elisabeth Bautier illustre son propos en prenant pour exemple Célestine, héroïne de littérature de jeunesse (une souris, un personnage, un mammifère, un rongeur...)

Selon Elisabeth Bautier l'école maternelle doit « construire les fondamentaux que sont ces opérations mentales (comparer, classer...) », elle note que souvent « ça se fait dans la manipulation et que les enseignants disent parfois des choses un peu floues au motif que les élèves seraient trop jeunes pour comprendre ce type de vocabulaire rigoureux », elle insiste alors à dire qu'il faut de la récurrence, de la systématicité dans l'usage d'un vocabulaire précis.

« Pour catégoriser par exemple on entend souvent dans les classes : « on va mettre les choses là » et « on va mettre celles-ci ailleurs », or si on n'utilise pas les mots « comparer », « classer », « trier » dans la consigne, l'opération mentale n'est pas clarifiée. »

Elle dénonce le peu d'attention à ce qui pour nous est de l'ordre de l'évidence et invite à se poser la question de « avec quel mot on dit », à faire accompagner les mots, focaliser sur ce qu'il y a à comparer par l'emploi (mot critère) des mots qui permettent de comparer. Cette fausse évidence est l'apanage selon elle du plus haut niveau social des enseignants qui pensent avoir en partage avec leurs élèves, alors que ce n'est pas le cas.

Elle invite à un sacré défi, un « enjeu difficile mais formidable » :
supprimer dans son langage en tant qu'enseignant le verbe fourre-tout « faire ».

« Faire » ne veut rien dire, « faire » ne garantit nullement. Il faut s'obliger à trouver les mots plus précis, nécessité ensuite d'apprendre le sens scolaire de chacun des mots qui vont être utilisés, par exemple regarder, toucher, observer et que l'élève vive que toucher à l'école ce n'est pas le même usage qu'à la maison. (...)

Compte-rendu entier de l'intervention à lire sur le site du café pédagogique

Publié dans Parler

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